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Aide à la saisie des Odonates

Des insectes faciles à identifier... vraiment ?

 

 

Taille imposante, mœurs diurnes, vol spectaculaire, couleurs vives... les Odonates, libellules et demoiselles, sont l'un des premiers groupes d'insectes à éveiller la curiosité. Leur faible nombre d'espèces, une soixantaine en Île-de-France, et l'abondante littérature qui leur est consacrée rend leur identification plutôt aisée. Toutefois il existe des pièges à éviter, le premier étant de croire qu'une approche superficielle et intuitive suffit. Pour les identifier sans vous tromper, ne vous contentez pas de survoler le sujet !

 

Ne vous fiez pas trop aux noms des espèces !

Une erreur de débutant consiste à croire qu'une aeschne de couleur bleue est une "Aeschne bleue", qu'un sympétrum commun s'appelle "Sympétrum vulgaire" ou qu'une naïade qui a les yeux rouges est forcément une "Naïade aux yeux rouges" ! Un Pennipatte bleuâtre peut tout aussi bien être rose, orange, blanchâtre, beige, jaunâtre ou vert selon qu'il s'agit d'un émergent, d'un mâle immature, d'une femelle immature ou d'une femelle adulte ! À l'inverse, les Libellules fauves et les Orthétrums bruns mâles matures sont, comme leur nom l'indique, d'un beau bleu lumineux ! Bref, les couleurs ne sont qu'un critère parmi d'autres, utile certes, mais loin d'être suffisant.

À noter : apprendre dès le départ les noms scientifiques des libellules peut s'avérer une bonne idée. En effet, les appellations françaises de certaines espèces ne sont pas stables et varient d'un site et d'une publication à l'autre, ce qui peut semer la confusion. Bonne nouvelle, il n'y en a que 60 à connaître chez nous !
 

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     Pennipatte bleuâtre (Platycnemis pennipes) femelle immature encore rose © Yves Massin                    /                   Notre Aeschne la plus bleue est l'Aeschne affine (Aeshna affinis) mâle mature © Yves Massin          

 

Procurez-vous d'emblée les meilleures guides.

Inutile d'espérer s'en sortir sans un outil d'identification performant. Par chance, des ouvrages remarquables existent de nos jours, qui font de l'identification des imagos presque un jeu d'enfant. Nous vous conseillons les deux références suivantes, qui ont fait leurs preuves et se complètent à merveille :

> Guide des Libellules de France et d'Europe de Dijkstra et Lewington, chez Delachaux et Niestlé : très pédagogique et idéal pour débuter. Les dessins sont d'une grande qualité et les cartes de répartition, même si elles sont peu précises, permettent d'exclure facilement les espèces qui ne sont pas présentes chez nous. Ce guide a tellement de succès qu'il est régulièrement réédité.

> Guide photo des Libellules d'Europe de Smallshire et Swash, également chez Delachaux et Niestlé. Il s'agit de la traduction française du guide anglais sorti en 2020 sous l'égide de la British Dragonfly Society. Ce guide est remarquable par ses planches photographiques d'une richesse et d'une qualité incroyables qui montrent mâles, femelles et souvent immatures de chaque espèce sous différents angles et permettent des comparaisons pratiques entre espèces proches d'un seul coup d'œil. De plus, les comportements et les habitats de reproduction sont systématiquement décrits.

 

Photographiez encore, encore et encore !

Il y a seulement quelques décennies, les amateurs de libellules n'avaient d'autre choix que de capturer et de manipuler pour identifier. Heureusement, les Odonates sont pratiquement le seul groupe d'insectes dont les imagos sont tous identifiables sur photos (du moins en Europe). L'équipement nécessaire est abordable, car ce sont des insectes qui s'observent à distance moyenne : nul besoin d'un zoom puissant ni d'un objectif supermacro. Il suffit d'une mise au point à partir d'un mètre, car il est rare de pouvoir approcher une libellule davantage sans qu'elle s'envole. La seule difficulté concerne les familles qui passent des heures en vol sans se poser (Aeschnes et Cordulies essentiellement). Avec elles, la patience est de mise mais à force d'expérience, vos efforts finiront par être récompensés. Pour ces espèces, les jumelles sont indispensables et il est toujours bon d'en avoir. Essayez de préférence d'identifier aux jumelles avant de photographier, ces créatures sont capricieuses et imprévisibles ! Mais l'œil ne percevant pas tous les détails, c'est souvent en examinant vos photos après coup que vous trouverez la solution. La pratique de la photo permet de progresser vite, encore faut-il savoir quels détails photographier :

 

> Pour les Zygoptères (demoiselles), une bonne photo de dessus suffit généralement. L'idéal est d'avoir une profondeur de champ importante, car l'abdomen est long et doit être net dans son entier : n'hésitez pas à fermer le diaphragme au maximum. Dans le cas des Lestes, l'arrière de la tête est un critère qui compte, de même que la couleur des ptérostigmas (cellules pigmentées près de l'apex des ailes) et la forme des appendices anaux.

 

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                        Agrion exclamatif (Coenagrion pulchellum) photo à f/20 pour avoir tout le corps net  © Yves Massin    /    Leste dryade (Lestes dryas) montrant les appendices anaux, l'arrière de la tête et les ptérostigmas © Yves Massin          

 

> Pour les Anisoptères (libellules vraies), une vue de profil est souvent indispensable, notamment pour les Sympétrums. Elle permet d'apprécier les motifs du thorax, la couleur des pattes et chez les femelles, la forme de la lame vulvaire. Une seule espèce nécessite en plus un portrait gros plan de face : le Sympétrum vulgaire... mais il est rarissime dans notre région ! Si jamais vous signalez cette espèce, sachez qu'on vous demandera des preuves solides...

 

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             Sympétrum noir (Sympetrum danae) femelle : photo montrant la lame vulvaire saillante © Yves Massin      /     Sympétrum méridional (Sympetrum meridionale) : le profil révèle le thorax et les pattes © Yves Massin         

 

Progressez par étapes, en vous fixant des objectifs

Niveau 1 : savoir identifier tous les mâles

Les mâles étant plus colorés, il est facile de débuter par eux, d'autant qu'ils sont démonstratifs du fait de leur comportement territorial. Savoir identifier tous les mâles matures est à la portée de tous. Seuls quelques couples d'espèces sont délicats à différencier : Orthétrum brun/Orthétrum bleuissant et Leste fiancé/Leste dryade par exemple. Les bons critères, qui nécessitent de bonnes photos, sont expliqués dans vos guides préférés. Quant aux mâles immatures (qui n'ont pas encore leurs couleurs définitives), ils sont aussi difficiles que les femelles auxquelles ils ressemblent d'ailleurs bien souvent...

Niveau 2 : identifier toutes les femelles

Cela vous prendra sans doute plusieurs années de pratique, mais vous y parviendrez certainement grâce aux excellents guides cités plus haut. Si vous avez un doute, vous pouvez toujours saisir le genre en indéterminé (Sympetrum sp. par exemple) et les valideurs vous aideront si votre photo le permet (voir ci-dessus). Mais essayez quand même de proposer vous-même une espèce ! Les plus difficiles sont les femelles du genre Coenagrion. Attention au piège des Ischnures élégantes femelles qui peuvent être de couleur orangée : les confusions sont fréquentes... et encore une fois la couleur ne suffit pas.

Niveau 3 : la chasse aux exuvies est ouverte !

Les Odonates ayant une capacité de déplacement importante, leur présence sur un site n'est pas une preuve de reproduction locale. Or pour protéger ces espèces il est essentiel de savoir dans quels plans d'eau ou cours d'eau leurs larves se développent. Les tandems, les accouplements (cœurs copulatoires) et les pontes sont des indices forts qu'il convient de noter systématiquement lors de vos saisies (des cases à cocher sont prévues sur le site). Mais la seule preuve qu'un individu a effectivement achevé son développement sur place est de trouver son exuvie, sa dernière dépouille larvaire. C'est aussi le seul moyen d'estimer la taille des populations : combien de larves ont grandi et réussi leur émergence à cet endroit précis ? Les imagos peuvent se disperser à plusieurs kilomètres, mais leurs exuvies trahissent le lieu de leur naissance. On les trouve en exerçant son regard dans la végétation ou sur les berges et on peut les ramasser pour les identifier plus tard (ce n'est pas une capture, l'insecte vivant n'est plus dedans !). Leur détermination est technique et nécessite un examen à la loupe. C'est le niveau 3, le plus gratifiant, qui viendra peut-être plus tard si vous "mordez" à la passion pour ces splendides créatures !

 

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               Les Gomphes sont surtout détectés à leurs exuvies car ils se dispersent vite après l'émergence © Yves Massin  /  Certaines exuvies sont faciles à déterminer à l'espèce : Épithèque à deux taches (Epitheca bimaculata) © Yves Massin       

 

Quand chercher les libellules ?

La saison des Odonates en Île-de-France s'étale de mi-avril à mi-novembre, soit plus de la moitié de l'année. Une seule espèce passe l'hiver à l'état adulte : la Brunette hivernale ou Leste brun (Sympecma fusca). En multipliant vos sorties au fil des mois, vous optimiserez vos chances de rencontrer le maximum d'espèces, dont les périodes de vol sont souvent bien distinctes. Avec l'habitude, vous saurez quand chercher telle ou telle espèce de façon efficace.

Leur vol étant très énergivore, les libellules ont besoin de chaleur, elles sont donc surtout actives en milieu de journée, à de rares exceptions près. Les émergences ont généralement lieu le matin et les accouplements le midi. La météo influe beaucoup sur la visibilité de ces insectes : privilégiez les journées ensoleillées et sans vent. Les meilleures heures dans notre région sont entre 10h et 16h, sauf par fortes chaleurs où les odonates peuvent voler plus tôt ou plus tard. Les journées grises peuvent être mises à profit pour rechercher les exuvies, mais ne le faites pas après la pluie car ces vestiges fragiles sont vite emportés par les intempéries.

 

Où chercher en priorité ?

Bien évidemment, les bords des plans d'eau et cours d'eau, quelle que soit leur importance, méritent d'être prospectés, même les fossés, mini mares et infimes ruisseaux pourvu qu'ils soient bordés de végétation. Mais les Odonates peuvent aussi se trouver loin de l'eau, notamment pendant leur phase de maturation après l'émergence, quand mâles et femelles n'ont pas encore d'activité sexuelle. On peut alors les rencontrer dans tous milieux riches en insectes pouvant leur servir de zones d'alimentation : friches herbacées ou buissonnantes, sentiers forestiers, coteaux incultes, clairières, haies exposées à l'est où les libellules aiment prendre le soleil le matin avant la chasse... autant dire que votre terrain de jeu est vaste !

 

Pour aller plus loin

> Les Libellules de France, Belgique, Luxembourg et Suisse, collection Parthénope aux éditions Biotope (2ème édition, 2017) : intéressant pour comprendre leur biologie et leur écologie.

> Cahier d'identification des Libellules de France, Belgique Luxembourg et Suisse également chez Biotope. Assez ardu d'accès car rédigé sous forme de clé dichotomique, mais utile pour vérifier certains critères, comme la nervation alaire. Un plus : une clé d'identification simplifiée des exuvies est proposée à la fin.

> Clé de détermination des Exuvies des Odonates de France par Guillaume Doucet (Société Française d'Odonatologie), disponible auprès de l'OPIE ici. Une brochure grand format richement illustrée de photos et donc très pratique, pour celles et ceux qui souhaitent tenter d'identifier toutes les exuvies collectées.  

> Liste rouge régionales des Libellules d'Île-de-France téléchargeable ici. Publiée en 2014, elle est en cours de révision en 2025 dans le cadre du nouveau Plan Régional d'Actions en faveur des Odonates.