Depuis 2016, les orthoptères – criquets, sauterelles et grillons – sont disponibles à la saisie sur Faune Île-de-France (https://www.faune-iledefrance.org). Dans une base de données grand public pensée avant tout pour recueillir et consulter des observations d’oiseaux, l’avènement d’un taxon entomologique de détermination assez ardue relevait alors d’une nouveauté certaine. De fait, bien peu d’inscrits s’intéressent à ce type d’insectes dont l’observation est bien différente des oiseaux ou des grands mammifères, et la saisie d’orthoptères reste très marginale sur Faune-IDF. Malgré tout, de plus en plus de contributeurs s’y lancent… parfois sans connaître les paramètres à prendre en compte pour pouvoir identifier et progresser dans la détermination de ces charmantes bestioles.
Cette présentation très simple et succincte a ainsi pour but de guider quiconque souhaiterait débuter dans l’observation des orthoptères en Île-de-France. Il prodigue quelques conseils de base pour aborder le mieux possible l’identification de ce groupe réputé (à juste titre) plus difficile que les papillons de jour ou les libellules.
Les tétrix, comme ce Tétrix des carrières Tetrix tenuicornis, sont des orthoptères discrets, méconnus, particulièrement difficiles à identifier… et par conséquent fascinants ! © Julien Piolain
Références de base pour l’identification morphologique des orthoptères
Lorsque l’on trouve un orthoptère, il convient pour progresser de chercher un minimum l’espèce dont on a affaire avant de poster la donnée sur Faune-IDF ou sur une quelconque forum dans l’attente d’une identification certaine. Pour cela, nous vous conseillons l’excellent guide d’Éric Sardet, Christian Roesti et Yoan Braud, le Cahier d’identification des orthoptères de France, Belgique et Luxembourg paru aux éditions Biotope, qui pourra de plus vous être utile hors des frontières franciliennes. De très bonnes clés gratuites et complètes sont également disponibles librement sur internet, par exemple la Clé d’identification des orthoptères du Grand Est de Julien Ryelandt (http://cbnfc-ori.org/cle-orthopteres-grand-est) valable pour toute l’Île-de-France.
Le piège des juvéniles d’orthoptères
Contrairement aux odonates ou aux lépidoptères, les orthoptères sont des insectes paurométaboles : larves et adultes ont une morphologie proche et partagent le même milieu de vie. Au printemps, les œufs d’orthoptères donnent les larves (ou juvéniles) qui sautillent allègrement pendant quelques semaines à quelques mois avant de subir une mue imaginale, « métamorphose » limitée qui les conduit au stade adulte. Ces larves se distinguent des imagos par leur taille inférieure, leurs appendices reproducteurs peu développés et leurs « ailes » rabougries appelées fourreaux alaires.
Les larves d’orthoptères sont très courantes, notamment en mai et juin ; mais nous signalons d’emblée qu’il ne vaut mieux pas tenter de les identifier. Les critères valables pour les adultes ne sont en effet pas applicables pour les larves dans de très nombreux cas, et seules certaines espèces « faciles » sont identifiables à coup sûr (Grande Sauterelle verte, Pholidoptère cendrée, Grillon champêtre par exemple). Le meilleur moyen de s’assurer de l’identification de juvéniles est souvent… de repasser plus tard en saison sur le site pour observer des adultes !
Jeune larve de Grande sauterelle verte Tettigonia virdissima. L’aspect est clairement différent de celui de l’adulte : les critères d’identification classiques ne sont plus utilisables ! © Julien Piolain
Les stridulations, un précieux critère d’identification
En plus des critères morphologiques entièrement détaillés dans les références citées en partie 1, apprendre les stridulations (a minima des espèces les plus communes) est une étape-clé qui facilite infiniment la détermination des espèces, notamment chez les criquets. Avec un peu de pratique, il devient possible de distinguer à l’oreille des espèces d’apparence quasi-identique en quelques mois seulement… ce qui n’est pas négligeable car certains de ces taxons problématiques sont très communs et présents partout (c’est notamment le cas du Criquet duettiste Chorthippus brunneus et du Criquet mélodieux Chorthippus biguttulus). Les chants de la grande majorité des orthoptères français se trouvent dans un CD associé au Cahier d’identification précédemment cité ; le site http://chant-orthoptere.com/ recense toutefois les stridulations de la majorité des espèces franciliennes et peut s’avérer très utile pour commencer.
Je ne trouve pas, que faire ?
Il est courant de sécher ou de se tromper en débutant dans le vaste monde des orthoptères. Et c’est on ne peut plus normal ! Le mieux est alors d’effectuer (ou de reprendre) calmement l’identification de retour à la maison après avoir pris des photographies adaptées. Cependant, notez bien que chez les orthoptères les possibilités de détermination sur photo sont bien plus limitées que pour la plupart des autres taxons. Ainsi pour maximiser les chances d’aller à l’espèce sur photographie(s), nous recommandons :
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Pour les caelifères (criquets) : une photo de dessus, une de profil (pattes tenues dans les doigts dégageant les ailes complètement, de nombreux critères s’observent sur celles-ci) et une générale. Dans le cas particulier des calliptamus, se concentrer sur les mâles dont il faut pouvoir voir l'appendice sexuel en bout d'abdomen.
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Pour les tettigoniidae (sauterelles) : une photo générale de qualité suffit souvent à l’identification en Île-de-France. Il est toutefois bon de se focaliser sur les appendices reproducteurs (oviscapte des femelles notamment).
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Pour les grillons : une photo générale de qualité suffit à une identification spécifique.
La prise de telles vues nécessite souvent d’immobiliser les individus à déterminer. Ainsi, contrairement à ce qui est préconisé pour d’autres taxons, nous recommandons la capture des orthoptères voire leur tenue en main (qui se fait généralement par les pattes arrière). Nous comprenons que cela puisse aller à l’encontre des principes de certains ; toutefois il s’agit de la meilleure méthode pour aboutir à une identification certaine. Pour les allergiques du filet, l’approfondissement de l’étude des stridulations peut s’avérer être un bon moyen de substitution dans la détermination de certains orthoptères difficiles ; les smartphones actuels disposant d’enregistreurs vocaux de bonne qualité, la réalisation de documents audio est devenue aisée et peut représenter un complément très utile, voire un élément d’identification à part entière.
Nous rappelons dans tous les cas qu’afin d’être en conformité avec les textes règlementaires, aucune photo en main d’espèces protégées régionalement ne pourra être affichée sur le site sans autorisation de capture (une copie de l’autorisation devra être insérée comme photo supplémentaire). Cette restriction concerne 5 taxons en Île-de-France : le Caloptène ochracé (Calliptamus barbarus), l’Oedipode turquoise (Oedipoda caerulescens), le Grillon d’Italie (Oecanthus pellucens), le Dectique verrucivore (Decticus verrucivorus) et le Conocéphale gracieux (Ruspolia nitidula). En cas de doute, les images concernées peuvent toutefois être transmises directement aux valideurs par mail.
Criquet rouge-queue Omocestus haemorrhoidalis tenu classiquement en main par les pattes arrière. Cette méthode permet de détailler convenablement l’individu sans l’endommager. © Julien Piolain
Et si rien ne semble correspondre ?
Si malgré recherches vous ne trouvez pas, rien ne vous empêche de poster le ou les individu(s) problématique(s) sur Faune Île-de-France sous la dénomination « Orthoptère indéterminé » en documentant l’observation. Les valideurs seront là pour vous corriger et vous guider dans l’identification : c’est notre rôle ! Cependant notez bien que nous ne sommes pas capables de garantir une identification sur n’importe quelle image, loin de là. Il convient donc de fournir des photographies respectant les conseils de prise de vue détaillés dans la partie précédente.
En espérant désormais pouvoir consulter prochainement vos données d’orthoptères sur Faune-IDF,
L’équipe des valideurs orthoptères : François Legendre, Benjamin Fougère, Julien Piolain et Sylvain Houpert. |